Je dis comment je me sens

Voir fichier " trace écrite - Les émotions "

Le regard intérieur, la précision du langage de restitution, la sincérité et la justesse associées, se développent tout au long de la vie, souvent en proportion du temps consacré à ces moments d'observation.

Le.la PE peut s'entrainer, pour lui même, en classe, et en dehors de la classe, aussi souvent que possible, à respirer profondément, et se poser la question "Comment je me sens?" "De quoi ai-je besoin".

En classe, le.la PE participe à ce rituel :

1. Cela permet aux élèves de comprendre que l'enseignant a aussi son humeur. Et par extension tous les adultes.

2. Plus le ou la PE est à l’aise pour guider ce moment, plus les élèves s’y engagent avec confiance et sincérité.

✅ Comment utiliser le tableau d'affichage ?

Le tableau d'affichage des émotions (ou météo intérieure) sert à exprimer et rendre visible ce que chacun ressent.
On peut l’utiliser en début de journée ou d’activité : chaque élève, ainsi que le ou la PE, place son prénom sur l’émotion qui le représente à ce moment-là.
On peut aussi proposer aux élèves de décrire en quelques mots pourquoi ils se sentent ainsi, s'ils le souhaitent.
Le tableau reste affiché toute la journée, et chacun peut changer son étiquette s’il sent que son émotion a évolué.

L'objectif est d’encourager la conscience de soi et de montrer que toutes les émotions sont normales et ont leur place.
Cela aide aussi à mieux se comprendre mutuellement et à ajuster l’ambiance de la classe.

✅ Quelle question pour passer aux émotions ?

Après un temps de respiration ou d’installation, on peut poser une question simple et ouverte, comme : « Comment tu te sens, là, maintenant ? » ou « Quelle est ton émotion du moment ? »

Il est important de préciser qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. On partage simplement ce qui est présent en nous.
On peut aussi rappeler que parfois, on reste dans la tête, on cherche des explications ou on raconte des histoires. Ici, on essaye plutôt d’écouter notre corps, comme un petit explorateur.
On peut se demander : est-ce que je me sens lourd ou léger ? Est-ce que mon cœur bat vite ou doucement ? Est-ce que ma respiration est tranquille ou un peu coincée ?
À partir de ces sensations, on trouve l’émotion qui ressemble le plus à ce qu’on vit, sans avoir besoin d’expliquer pourquoi. Juste sentir et nommer.

À quoi sert la question « Comment je me sens ? »

Se poser la question « Comment je me sens ? » permet de développer la conscience de son état intérieur et de son vécu émotionnel. Cette question invite à tourner le regard vers l’intérieur, à prendre un moment pour observer ce qui se passe en soi. Ce recentrage favorise l’ancrage dans le présent et encourage une réponse intime (qu'est ce que je vis) plutôt qu'une réponse automatique (ça va bien) ou une explication (dans quelle situation je me trouve).

Ce regard intérieur est une compétence essentielle pour mieux se connaître, évaluer l'impact d'une situation, identifier ses besoins, mieux vivre avec les autres et prendre des décisions justes. Pour les enfants comme pour les adultes, apprendre à identifier ce que l’on ressent est un pas fondamental vers l’autonomie émotionnelle.

C’est une étape cruciale dans l’apprentissage de la gestion des conflits et dans l’exercice de la justice, car le ressenti agit comme une loupiote intérieure : il éclaire les signaux subtils que nous envoie notre corps ou notre cœur (inconfort, tension, apaisement, joie…), et nous permet de prendre conscience de nos besoins profonds. Cette écoute de soi constitue la base d’un dialogue authentique et respectueux.

En quoi cette question est-elle différente de « Comment ça va ? »

La formule « Comment ça va ? » est courante, mais elle entraîne souvent

• des réponses réflexes (« ça va », « bof », « bien ») peu investies, souvent déconnectées de l’état émotionnel réel.

• des réponses explicatives (j'explique dans quelle situation je me trouve en espérant que mon interlocuteur devine dans quel état je me trouve)

À l’inverse, « Comment je me sens ? » renvoie à un travail d’identification plus précis et plus personnel des émotions. Cette étape est primordiale : elle permet de différencier ce que l’on ressent (émotion) de ce que l’on pense (jugement) ou de ce que l’on vit (situation).

Elle encourage donc à mettre des mots sur les émotions (joie, peur, colère, tristesse, etc.), à les accueillir sans jugement, et à en faire le point de départ d’une expression respectueuse de ses besoins.